La 6G en 2028 – Révolution de l'IA ou mirage technologique ? Ce que Qualcomm vous cache

Une plage de rêve à Hawaï, un parterre de journalistes et un PDG, Cristiano Amon, qui nous dessine le futur. Le décor du Snapdragon Summit de Qualcomm était parfait pour une annonce fracassante. Préparez-vous, la 6G arrive d'ici 2028.

Cette nouvelle génération de connectivité sans fil promet de tout changer, en devenant le carburant indispensable d'une intelligence artificielle omniprésente. Une promesse enivrante. Mais derrière le vernis marketing, une question s'impose: ce futur qu'on nous vend est-il réellement désirable ? Regardons ensemble derrière le rideau d'une révolution annoncée qui ressemble de plus en plus à une fuite en avant.

Sur le papier, la vision de Qualcomm est limpide. Demain, votre smartphone ne sera plus qu'une brique chaude dans votre poche. Son rôle ? Servir de pont, de modem central pour alimenter en IA une galaxie d'appareils: vos lunettes AR, votre montre connectée, vos capteurs de santé... tout. Pour que ce ballet technologique fonctionne, il faut un chef d'orchestre surpuissant nommé 6G. Avec des débits et une réactivité pulvérisant les records de la 5G, elle seule pourra gérer les flots de données titanesques exigés par une IA qui pense, anticipe et agit pour vous. Qualcomm, dont les puces sont déjà au cœur de nos vies (smartphones Android, objets connectés), se positionne logiquement comme l'architecte de ce nouvel âge. Mais êtes-vous vraiment prêts pour ce futur ?

Qualcomm CEO Christiano Amon promised 6G will come in 2028 for 'pre-commercial devices.'

Se projeter en 2028, c'est accepter un pari risqué. Loin des certitudes de la Silicon Valley, notre monde est traversé de doutes profonds. Crises politiques, tensions géopolitiques et une méfiance croissante envers les gourous de la tech comme Sam Altman, qui nous promettent une intelligence artificielle générale (AGI) sans jamais en mesurer toutes les conséquences. Dans ce contexte instable, l'annonce de la 6G sonne moins comme une promesse que comme une distraction. On nous agite le hochet d'un futur hyper-efficace pour nous faire oublier les angoisses du présent. Car cette révolution technologique soulève bien plus de questions qu'elle n'apporte de réponses. Le discours officiel est bien huilé, mais les défis techniques et éthiques sont colossaux. Pour que la 6G devienne une réalité, il ne suffit pas de le décréter.

Le mur énergétique: L'IA est-elle durable ?

C'est le secret le moins bien gardé de l'industrie, l'IA est une dévoreuse d'énergie. Le récent partenariat à 100 milliards de dollars entre Nvidia et OpenAI pour bâtir des supercalculateurs en est la preuve. Ces infrastructures nécessiteront une production électrique pharaonique. La 6G, en démultipliant les usages de l'IA, ne fera qu'accélérer cette course folle. À quel prix écologique ? Le silence de Qualcomm sur ce point est assourdissant.

Le goulot d'étranglement technologique

Cristiano Amon l'a avoué à demi-mot, pour la 6G, tout est à réinventer. Nouveaux modems, nouvelle architecture de mémoire, processeurs neuronaux (NPU) infiniment plus puissants... En fixant l'échéance à 2028 (et plutôt 2030 pour le grand public), le fabricant admet que la technologie actuelle est une impasse. Le battage médiatique autour de l'IA se heurte aujourd'hui à un mur physique.

La vraie question: pour quoi faire ?

Au-delà de la prouesse technique, quelle sera LA fonctionnalité IA qui justifiera de tels investissements ? Qu'est-ce que la 6G nous permettra de faire que nous ne pouvons déjà accomplir ? Les fonctions IA intégrées aux smartphones actuels sont souvent des gadgets sympathiques, mais rarement indispensables. Personne ne semble avoir trouvé l'application “coup de poing” qui rendra cette transition inévitable. Sans cet usage concret, la 6G risque de n'être qu'une solution à la recherche d'un problème.

Alors, faut-il croire à la révolution 6G ?

La vision de Qualcomm est audacieuse, mais elle repose sur une foi aveugle dans le progrès technologique, sans égard pour le contexte social ou environnemental. La 6G n'est pas pour demain. C'est un horizon lointain, une carotte que l'on agite pour maintenir en vie une industrie qui carbure à l'hyperbole. L'ère de l'IA et des lunettes AR est peut-être imminente, mais l'infrastructure pour la supporter est encore à l'état de concept. D'ici 2028, la bulle de l'IA aura peut-être évolué, voire éclaté. Et face aux véritables défis qui nous attendent, il est fort probable que la vitesse de notre connexion internet soit le cadet de nos soucis.

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