Perplexity – L’histoire d’une start-up IA qui veut défier les géants
Tout a commencé en 2022, presque comme une idée un peu folle dans l’océan agité de la tech, créer un moteur de recherche dopé à l’intelligence artificielle, capable non seulement de trouver des informations, mais aussi de comprendre les questions et de répondre comme un expert. Deux ans plus tard, cette idée a un nom qui claque comme une promesse, Perplexity.
En l’espace de quelques saisons, la jeune pousse s’est hissée au sommet des conversations de la Silicon Valley. Des investisseurs prestigieux comme SoftBank, Nvidia et même Jeff Bezos ont décidé d’y parier gros. L’entreprise a grandi vite, très vite, au point d’afficher aujourd’hui un objectif qui donne le vertige, lever de nouveaux fonds pour atteindre une valorisation de 20 milliards de dollars. Une somme qui, il y a encore un an, aurait semblé déraisonnable.
Mais Perplexity n’est pas du genre à rester dans l’ombre. Cette semaine, elle a frappé un grand coup avec une offre de rachat de 34,5 milliards de dollars pour s’offrir Chrome, le navigateur star de Google. Une annonce qui a secoué le petit monde de la tech. Google, évidemment, n’a montré aucun signe d’acceptation, et l’idée que la firme de Mountain View se sépare de son navigateur reste improbable. Pourtant, le simple fait de tenter le coup a propulsé Perplexity sur le devant de la scène, avec une audace qui rappelle les grandes heures des start-up prêtes à bousculer l’ordre établi.
Cette audace s’appuie sur des résultats impressionnants. En juillet dernier, l’entreprise était valorisée 18 milliards de dollars. Un chiffre déjà colossal quand on sait qu’en janvier 2024, elle ne valait « que » 520 millions. Et ce n’est pas qu’une affaire d’évaluation sur le papier, ses revenus annuels récurrents ont bondi à plus de 150 millions de dollars en ce milieu d’année, soit quatre fois plus que l’année dernière. Jesse Dwyer, le responsable communication, se contente de confirmer ce chiffre, sans s’épancher sur les détails. Mais dans les coulisses, on imagine aisément la frénésie qui doit régner.
Car Perplexity sait qu’elle joue dans la cour des grands. Face à Google, elle ne reste pas inactive et a récemment présenté Comet, un navigateur pensé pour l’ère de l’IA. OpenAI, de son côté, travaillerait aussi sur un projet similaire. La bataille pour dominer la navigation web nouvelle génération ne fait que commencer, et chaque mois qui passe resserre l’étau autour des challengers. L’offre pour Chrome a aussi suscité des réactions partagées. Certains y voient un coup de génie marketing, un moyen imparable pour rester dans l’actualité et attirer talents, utilisateurs et capitaux. Et puis, il y a Apple. Depuis plusieurs mois, des voix s’élèvent pour encourager la marque à la pomme à rattraper son retard en matière d’IA en rachetant Perplexity. Pour Cupertino, c’est une évidence, le temps presse. Mais du côté de la start-up, on assure ne pas avoir connaissance de discussions en ce sens. Peut-être que les ponts n’ont jamais été posés ou peut-être qu’ils sont simplement bien gardés.
L’histoire de Perplexity ressemble à un roman d’ascension fulgurante, où chaque chapitre s’achève sur un rebondissement plus spectaculaire que le précédent. Une start-up qui, en trois ans, est passée de l’idée à l’incontournable, et qui se permet aujourd’hui de défier les piliers de la Silicon Valley sur leur propre terrain. Pour autant, les défis sont immenses. L’innovation dans l’IA évolue à une vitesse vertigineuse, et ce qui semble révolutionnaire aujourd’hui pourrait être dépassé demain. Elle devra prouver qu’elle ne se contente pas de coups d’éclat médiatiques, mais qu’elle sait construire une vision durable, capable de fidéliser ses utilisateurs et d’élargir son influence.
Alors, que penser de cette quête vers les 20 milliards de dollars de valorisation ? Est-ce le signe d’une confiance inébranlable des investisseurs dans la capacité de Perplexity à redéfinir la recherche et la navigation web ? Ou l’illustration d’une bulle qui pourrait éclater au premier ralentissement ? Impossible de le dire pour l’instant. Ce qui est certain, c’est que la jeune entreprise maîtrise à la perfection l’art de rester au centre des conversations. Dans les mois à venir, tous les regards seront braqués sur cette levée de fonds. Si elle se concrétise, elle pourrait offrir à Perplexity les moyens de ses ambitions, et peut-être même la placer en position de forcer la main à ses rivaux. Sinon, elle restera un symbole de cette époque où l’IA, l’argent et l’audace se mélangent dans une course effrénée vers l’avenir. Perplexity n’a que trois ans, mais elle parle déjà le langage des géants. Reste à savoir si ce langage deviendra un jour celui de tout le monde.